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Le 7ème
Difficile de définir le 7e arrondissement de Marseille.
Son découpage administratif est clair, mais dans son architecture, dans son histoire, rien ne fait du 7e un arrondissement homogène.
Pour mieux cerner cette hétérogénéité, certains l’ont qualifié de «Constellation de micro-quartier», on devrait même dire : constellation de micro-villages. En effet, l’identité du 7e arrondissement s’est constituée autour de différents pôles villageois qui ont évolué avec la cité phocéenne.
C’est pourquoi pour comprendre l’identité du 7e arrondissement, il faut tout d’abord comprendre son histoire.
A la périphérie du centre ville
Le 7e arrondissement commence dès la sortie du vieux port, on est à quelques minutes à pied du centre-ville et pourtant, le 7e n’en fait pas partie.
De l’antiquité au moyen-âge, la ville de Marseille ne s’est développée que sur la partie Nord du Lacydon (la calanque que l’on nomme désormais Vieux-Port), au niveau de l’actuel Panier. Tout le Sud, qui nous intéresse, n’était destiné qu’à l’installation de nécropoles et au culte du martyr Saint-Victor.
Il faut attendre le XIIIe siècle pour que l’on déborde enfin du tracé antique de la ville ; mais ce n’est vraiment qu’au XVe siècle, que l’aristocratie – fuyant le centre-ville sale et bruyant – installe ses résidences de campagne au sud du Lacydon.
A ce moment là, la noblesse ne fut pas la seule à quitter le cœur de Marseille, puisque les plus pauvres cherchaient eux aussi à fuir la vie citadine pour un petit emplacement en bord de mer : les fameux cabanons. On assiste là aux prémices de la colonisation de ce qui deviendra le 7e arrondissement de Marseille, car ce n’était alors qu’une campagne cernée par les collines et parcourue de chemins de chèvres.
Le développement urbain anarchique
Le territoire couvert par le 7e arrondissement ne se prête pas au développement urbain.
Coincé entre les crêtes de Notre-dame de la Garde, de la villa Valmer et du Roucas Blanc, il n’offre que quelques calanques et peu de vallons aux constructeurs. C’est sans doute ce qui explique pourquoi le quartier a mis tant de temps à être peuplé, mais aussi à accueillir des infrastructures décentes, en dépit de sa position géographique attrayante.
En cherchant à se rapprocher du bord de mer, les premiers habitants du 7e se sont éloignés des pouvoirs publics et des infrastructures qu’ils gèrent. Pendant longtemps, l’arrondissement a donc été dénué de voirie municipale. Il n’existait que trois chemins : celui d’Endoume, celui du Vallon de l’Oriol, et celui du Roucas Blanc. Les habitations construites à l’époque se devaient d’être à proximité d’une de ces voies pour garder une route d’accès à la ville. Ainsi, on a vu apparaître de grands domaines fonciers, reliés par un réseau de petits chemins de campagne qui descendaient vers la mer, comme des ravines creusées par la pluie.
Le XIXe siècle et la bourgeoisie du 7e
A partir de 1830, la bourgeoisie Marseillaise profite de l’essor économique de la ville, pour s’offrir elle aussi des villas dans la campagne du 7e.
C’est l’époque où les bains de mer sont à la mode, et où il de bon ton à Marseille de pratiquer la mode dite de la double résidence : un hôtel particulier en ville, pour les affaires ; et une maison de campagne, pour le loisir. Petit à petit, la population du 7e augmente, et le réseau routier se densifie.
De 1848, avec l’ouverture de la Corniche, à la percée du boulevard Tellène en 1900, le 7e arrondissement va s’ouvrir au reste de la ville, et accueillir une population de plus en nombreuse.
C’est à cette époque que les grands propriétaires fonciers morcellent leurs terrains pour les revendre dans des négociations qui leurs sont profitables ; que les îlots villageois se cristallisent et que l’on voit enfin apparaître une identité de quartier.
Car si l’administration ne se soucie pas de ces marseillais « de la campagne », l’Eglise elle, ne voit pas d’un bon œil l’éloignement de ses ouailles.
En effet, la paroisse de l’abbaye Saint-Victor s’étendait jusqu’à l’actuelle plage du prophète, cela ne représentait pas moins de 3000 âmes sur lesquelles veiller. Une tâche rendue quasiment impossible vu l’état des routes (qui ne seront pavées qu’après 1918) et l’éparpillement des habitations.
Le 7e arrondissement a donc vu apparaître des églises de quartier, presque des églises de village, autour desquelles se sont rassemblés les habitants. C’est là l’origine du quartier d’Endoume, qui entoure l’Eglise Saint-Eugène, ou encore celle du Roucas Blanc, patronné par Saint-Cassien.
Les tours du XXe siècle
Au début du XXe siècle, le 7e arrondissement commence à arborer un visage qui n’est pas bien loin de celui qu’on lui connaît actuellement, à tel point même que le trajet qu’effectuaient les transports en commun à l’époque n’a quasiment pas varié en plus d’un siècle.
Il est toujours calqué sur le tracé des axes principaux. Preuve que les différents plans d’urbanisme n’auront jamais modifié cette myriade de petites rue pittoresques qui font le charme du 7e, mais le rendent presque impraticable pour les gros véhicules motorisés.
Ce qui a véritablement bouleversé l’aspect de l’arrondissement ce sont les 3 plans d’urbanismes qui se sont succédés entre 1933 et 1959.
Ils ont en effet introduit une forme d’habitat plus haute et plus dense dans le 7e, jusqu’alors constitué de villas, de petites maisons de style méditerranéen, et d’immeubles haussmanniens.
Face à l’augmentation de la population, au nécessaire besoin de reconstruction après la 2e guerre mondiale, et au rapatriement des populations des ex-colonies françaises, la ville de Marseille a autorisé la construction de tours d’immeubles. C’est ainsi que le 7e arrondissement s’est ouvert à l’urbanisme moderne.
Le 7e aujourd’hui
De nos jours, le 7e arrondissement est l’un des plus aisés de Marseille. L’endroit est calme et attire les cadres de la classe moyenne, cela contribue au vieillissement de sa population. Un état de fait renforcé par les prix de l’immobilier qui découragent souvent les plus jeunes d’investir.
Pour autant, le 7e arrondissement ne se résume pas à un quartier de quinquagénaires friqués.
Les personnes qui viennent s’y installer apprécient l’identité du 7e et l’histoire de ses lieux mythiques a laissé ses traces…
Saint-Victor, la rue Sainte, et la Corderie
A la porte du Vieux-Port, le quartier de Saint-Victor est sans doute le plus ancien du 7e arrondissement. C’est là que se situe, en effet, l’abbaye vieille de seize siècles. Malheureusement c’est aussi un quartier qui n’a pas gardé une grande trace de son passé. Sa proximité avec le port en a vite fait une zone industrielle. Au XVIIe siècle, la rue Sainte abritait l’arsenal royal des galères, mais aussi un bon nombre de savonneries, d’huileries et de tuileries. La Corderie, quant à elle, n’était jusqu’au XIXe siècle qu’une succession d’entrepôts de cordiers, qui ne payaient pas de redevances, tant le terrain inégal était sans valeur. Ces activités ont favorisé la création d’un parc immobilier constitué d’entrepôts et d’habitations qui ont régulièrement étaient rénovées, détruites et reconstruites.
Les amoureux de Pagnol ne risquent pas de retrouver un esprit de village à cet endroit, mais il n’en reste pas moins un quartier agréable, à deux pas de toutes les commodités du centre-ville. Par ailleurs les traditions liées à l’abbaye restent encore présentes dans la vie du quartier. La fameuse boulangerie du four à navette est en effet située rue Sainte, juste à côté de l’abbaye Saint-Victor, dont l’Archevêque vient bénir les navettes chaque année à la Chandeleur.
Le Pharo, entre Histoire et modernité
Le quartier du Pharo a gardé quelques traces de son passé : le palais éponyme bien sûr, mais aussi le fort Saint-Nicolas, dont la structure imposante garde l’entrée sud du Vieux-Port. Ce patrimoine historique sert d’écrins aux hôtels de luxe qui se sont installés dans les environs du Pharo.
Le quartier allie en effet le charme des bâtisses passées, à la fonctionnalité des immeubles modernes.
Cela est dû à la volonté des pouvoirs publics qui ont voulu faire du Pharo, le quartier « de buildings » de Marseille.
C’est pour cela que l’on trouve tant d’immeubles entre le Boulevard Charles Livon et la Corniche, et que d’autres sont encore en construction.
Les Corniches
Bien sûr il n’y a officiellement qu’une seule et unique Corniche John F. Kennedy, que tout le monde appelle « La Corniche ».
Cependant on peut la découper en trois tronçons, trois Corniches aux visages différents.
- Des Catalans au Vallon des Auffes : C’est la Corniche balnéaire, avec sa plage de sable qui attire les baigneurs et son très fermé Cercle des Nageurs dont la réputation n’est plus à faire. On est bien loin du petit quartier de pêcheurs immigrés dont la plage tire son nom.
Avec le quartier du Pharo tout proche, cette partie de la Corniche a bénéficié de la modernisation de son parc immobilier, c’est pourquoi il y a tant d’immeubles sur cette côte. Aujourd’hui le quartier est perçu comme un quartier de riches qui vivent les pieds dans l’eau.
Pourtant, un bon nombre d’immeubles du secteur sont classés HLM, ils ont été construits dans les années 1960, avec l’arrivée des rapatriés d’Algérie qui vivaient souvent à proximité de la mer. Ironie de l’histoire, ce quartier dont la population avait jusqu’à récemment une origine populaire, est en passe de devenir un quartier cossu. Une polémique est née dernièrement au sujet de l’ancienne raffinerie de sucre Giraudon et fils, aux Catalans, que la Mairie aimerait bien voir devenir un hôtel de luxe.
- La Corniche des 3 ports : avec les ports du Vallon des Auffes, de Malmousque, et de l’anse de la Fausse-Monnaie, la Corniche s’offre un cachet pittoresque et charmeur.
- Le vallon des Auffes tire son nom des « auffiers », les ouvriers qui travaillaient l’auffe, une plante dont on se sert pour la fabrication des cordes marines. Ces derniers se sont installés dans ce petit port de pêche en 1750. La Ville les avait éloignés du centre car leur activité polluait et on préférait que cela se fasse dans ce petit vallon à l’écart et qui n’intéressait personne, plutôt que sous le nez des marseillais.
Quelques siècles plus tard, le coin est devenu emblématique, et le mètre carré s’y vend à prix d’or. Les plus chanceux qui parviennent à investir dans la pierre du Vallon recherchent bien souvent les fameux cabanons de pêcheurs qui font son charme.
Malheureusement la législation encadrant la vente de ces habitations est très stricte.
Ce site est protégé et les propriétaires ne peuvent pas vendre, ni louer plus de 3 mois. Impossible donc de s’offrir ces modestes habitations, plus précieuses qu’un château en Espagne. - Avec ses petites maisons aux murs épais, Malmousque a tout du port de pêche méditerranéen. Ces habitations trapues sont conçues pour résister au froid des vents marins l’hiver et à la chaleur de l’été. On est à quelques pas de la Corniche, une voie de circulation majeure dans le quartier, et pourtant on se croirait hors du temps dans cet entrelacs de ruelles et d’impasses étroites. La circulation des voitures étant particulièrement difficile, le calme règne à la Malmousque qui vit surtout l’été avec l’animation des bains militaires juste à côté.
- De par son nom, l’anse de la fausse-monnaie a d’emblée un aspect enchanteur. La légende veut qu’au moment de la construction du pont, on ait trouvé le matériel de faux-monnayeurs cachés dans la roche. Les plus sceptiques diront tout simplement, que l’ancien nom du lieu était « Vallon du silence » ce qui correspond à peu près à la traduction du provençal Fousso Mounédo. Quoi qu’il en soit, la Fausse-Monnaie reste un lieu mythique de Marseille.
Ce vallon en bord de mer, est constitué d’un enchevêtrement de magnifiques villas et de petites maisons de pêcheurs qui font envie à de nombreux investisseurs. Il faut reconnaître que, coincé entre les bois du théâtre Silvain et la mer, on se croirait plus facilement dans les Cyclades que dans la deuxième ville de France. - La troisième partie de la Corniche s’étend après le 7e arrondissement et va jusqu’aux plages Gaston Deferre ; une zone beaucoup plus moderne, mais qui n’en reste pas moins attrayante de par sa situation en bord de mer.
Le Roucas Blanc
Ce quartier, l’un des plus riches de Marseille, tire son nom de la crête rocheuse sur laquelle il est installé.
C’est là que les vieilles familles de la bourgeoisie marseillaise ont construit leurs résidences secondaires au XIXe siècle et cette histoire est restée gravée dans l’identité du quartier. Du Boulevard Amédée Autran au chemin du Roucas Blanc en passant par celui du Vallon de l’Oriol, tout le paysage n’est qu’une succession de villas avec jardin et vue sur la mer. Certaines demeures sont très modernes, mais la plupart arborent encore les fioritures typiques des goûts architecturaux du XIXe. C’est pourquoi il n’est pas étonnant de voir des résidences aux allures de chalets.
Le style de ces maisons montagnardes était très prisé par la bourgeoisie de la côte, et certaines toitures sont encore ornées des dentelles en bois propres aux chalets. Preuve de la richesse de ses premiers habitants, le Roucas Blanc a été le terrain de jeu des rocailleurs, véritables artistes du ciment.
Ces derniers exerçaient leur art en reproduisant des tourelles, des escaliers, ou encore des fausses fenêtres, qui ont été conservés dans certaines villas. Tout le quartier est maillé d’un dense réseau de petites ruelles qui mènent au pied du Roucas Blanc, là où à l’époque coulait la source d’Auriole, aujourd’hui symbolisée par une fresque en trompe-l’œil au carrefour avec la Corniche.
Bompard
Ce quartier tire son nom de François-Auguste Bompart, un propriétaire foncier du XVIIIe siècle qui ouvrit sa propriété pour qu’on puisse y construire le boulevard du même nom. Le peuplement de la colline ne commencera qu’au siècle suivant, au moment de l’ouverture de la Corniche.
A l’époque, la petite classe moyenne qui aime déambuler en bord de mer cherche des terrains abordables pour installer son lieu de villégiature du dimanche, sans pour autant se couper de la ville où se concentre l’activité économique.
Bien des années plus tard, la situation n’a pour ainsi dire pas changé : le quartier est très prisé par les cadres qui cherchent un petit coin de tranquillité pas trop éloigné de leur lieu de travail.
Samatan l’irréductible
Tout comme le quartier de Bompard, celui de Samatan tire son nom d’un riche propriétaire qui avait son domaine à cet endroit.
Lorsque la famille de Samatan a vendu ses terres en 1850, elle a permis l’installation de pêcheurs qui ont construit là leurs cabanons, à proximité de la côte, sur une parcelle au bord d’une ancienne carrière. Cette localisation, accessible par un seul côté et par des petits chemins de terre, a contribué au développement d’une forte identité dans le quartier de Samatan qui reste encore aujourd’hui un des plus pittoresques du 7e arrondissement.
Endoume ou Saint-Lambert ?
A l’origine, le flanc sud de Notre Dame de la Garde portait le nom de Saint-Lambert.
C’est d’ailleurs toujours le nom du canton administratif qui correspond au 7e arrondissement.
Pourtant, on a coutume de dire : « je viens d’Endoume » et non pas de Saint-Lambert. Même le club de foot du quartier s’appelle « Union Sportive Marseille Endoume Catalans », alors que son stade est situé entre les Catalans et… Saint Lambert.
Rien n’explique la prédominance d’Endoume sur Saint-Lambert, mais la rue « qui mène au port de Doume » (puisque c’est de là que lui vient son nom) est un axe majeur du 7e arrondissement : il part du carrefour avec la Corderie et Saint-Victor, croise Saint-Lambert, Bompard, le Vallon des Auffes, et mène à la Corniche. Pour un habitant du 7e arrondissement c’est une rue inévitable, et par conséquent très passante.
Mais ses maisons à l’architecture bien marseillaise, limitées à un ou deux étages, et surtout les habitants de ce quartier populaire en font un endroit très agréable à vivre. Suivre ces deux petits kilomètres, c’est traverser les différents villages qui constituent le 7e arrondissement.